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Kenya: Ruto entre le marteau du FMI et l’enclume de la jeunesse!

wakatsera.com 2 days ago
Face à la fronde sociale, d'où viendra l'espoir pour William Ruto?

39 morts! C’est le bilan des journées de manifestations de plusieurs jours, comptabilité macabre dressée par la commission nationale des droits humains. Le Kenya n’est peut-être pas dans le chaos mais pourrait ne pas en être loin, la fronde contre le chef de l’Etat, loin de faiblir enflant de plus en plus. «Ruto doit partir», clament désormais des manifestants qui affichent une détermination à toute épreuve, malgré la répression de la police qui est accusée de tirer à balles réelles. Asphyxiés par la cherté de la vie, les populations ne supportent plus le train de vie qu’elles trouvent exorbitant des gouvernants. La jeunesse confrontée à un chômage pernicieux est en rupture de confiance avec des dirigeants qu’elle ne veut plus voir, ni sentir, même pas en rêve.

Et bien que le président William Ruto a signifié qu’il ne signerait pas la fameuse loi de finance contestée parce qu’augmentant les impôts, la grogne contre lui est entière. Pas même les annonces des coupes budgétaires au niveau de la présidence et d’autres institutions de l’Etat ne font baisser le mercure social. Dans la foulée de l’austérité imposée par le président kényan, les allocations dont bénéficient la première dame, Rachel Ruto et l’épouse du vice-président, Dorcas Ragathi sont passées à la trappe. Mais le volcan social est toujours en éruption et sa lave dévastatrice menace constamment le fauteuil de William Ruto.

Face à cette contestation sans fin, quel choix pour Ruto qui dispose de très peu de marge de manœuvre, contraint qu’il est de respecter les engagements pris auprès du Fonds monétaire international (FMI)? La police qui est sur les dents au quotidien pour le maintien de l’ordre pourrait bien vite en arriver à l’essoufflement, surtout qu’une partie de ce corps est appelée à Haïti pour lutter contre les gangs qui ont mis ce pays sous coupe réglée. Au moins 400 policiers kényans sont même déjà sur place à Port-au-Prince, la capitale, sous mandat onusien. Qui donc pour sauver le soldat Ruto, surtout que le gouvernement n’a pas d’interlocuteur désigné en face, la protestation n’étant pas sous la houlette directe de l’opposition ou d’organisations syndicales?

Pourtant, le Kenya n’avait plus d’autre option que d’aller à l’abattoir du FMI pour se donner de l’air. Même que certaines mesures prises par les autorités pour répondre aux désidératas de l’institution de Bretton Woods auraient commencé à donner de l’optimisme au pays dont l’économie commençait à retrouver des couleurs, notamment la confiance sur le plan international. Sauf que ces mesures, comme la plupart des conditionnalités du FMI sont foncièrement antisociales, donc forcément impopulaires. La seule solution pour William Ruto semble être celle de retrouver la confiance de son peuple, en espérant, dans la même logique, que les coupes budgétaires qu’il a opérées pour faire réduire le train de vie des dirigeants permettent de relever le panier de la ménagère à des proportions plus décentes.

En attendant, William Ruto a le couteau du FMI sur la gorge et le feu de la fronde sociale aux fesses! Son salut pourrait cependant venir des négociations qu’il compte engager avec l’opposition dont le leader, Raila Odinga dit être «toujours ouvert» au dialogue.

Par Wakat Séra

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